La voix merveilleuse grave chaude et la personnalité lumineuse sincère émouvante de Monâjât « l’implorante » agit au-delà de toute séduction. Elle touche ce lieu rare et secret du jardin intérieur où le chant devient prière hommage hymne où la musique dit l’indicible sa douceur brise à jamais les catégories convenues du profane et du sacré du savant et du populaire tirant de chaque genre comme de chaque note chaque inflexion des parcelles d’étoiles des brisures d’âme des reflets inconnus et familiers d’une humanité commune à toutes les cultures mais cultivée à Boukhara Kokand et Samarkande mieux qu’en nul autre lieu. Car Tadjiks et Ouzbeks savent la valeur de l’eau irriguant le désert le désir de fraîcheur que fait naître la vraie chaleur le plaisir des larmes la joie de l’épanchement la rosée recueillie. La délicatesse des timbres complémentaires qui accompagnent la voix ne fait qu’ajouter à l’enchantement.