Publié le :
28/11/2019 15:17:11
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Originaire du village de Hawatka près d'Assiout, Ahmad al-Tûni est l'un des derniersgrands munshidîn de Haute-Egypte. Dans ces interminables nuits soufites et étoilées des villages de Haute-Egypte où se côtoient poussière et lumières blafardes où la froideur de la nuit s'oppose à une ferveur extatique brute et un peu chaotique sa voix maligne palpite. Elle provoque la transe soufite dans la cérémonie populaire du Dhikr. Ce rituel ouvert en Égypte à tous et à toutes prend sur cette terre égyptienne des allures de rite antique. Ahmad al-Tûni grand munshin égyptien maître de Y'Inshâd chant religieux de l'Islam chante presque comme déclamait un comédien des temps anciens son sipa (chapelet musulman) à la main il mime avec expression sa poésie le balancement de son corps nerveux ponctue la virulence rythmique des duffs et de la tabla égyptienne. Avec cette force propre aux musiques de transe de l'Orient tel que le Qawwalli pakistanais il brode ses effets vocaux à partir de sentences poétiques issues des grands maîtres tels al-Hallaj ou Ibn al-Farid. Ces sentences deviennent autant de frissons acoustiques et de notes qui se perdent dans l'émotion du moment.
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Sheik Ahmad Al Thuni est l'un des derniers grands munshids, chanteurs religieux de Haute Egypte. Il incarne à lui même toute une tradition, que l'on appelle Turas, cet héritage ancien qui vient d'une époque où l'Egypte rayonnait encore par sa poésie et son chant exceptionnel. Cet héritage survit tant bien que mal au sein du monde aladi, ce monde rural pour qui le lyrisme, la volupté des mots ont encore un sens.
« Je suis né sans un village du nom de Zekrahan du district d'Abu Tig, mais mon père, lui, est bien né ici. Il était un maître de la confrérie Rifaîiya. J'ai appris l'Inshad, le chant religieux, avec les soufis avant même que la radio ne fasse son apparition chez nous. J'avais des disques qui me permettaient d'écouter Oum Kalthoum, Munira al-Madhiya, Sheikha Sakina, Muhammad Abdel Wahab à ses débuts. »